CHAMBRE NOIRE, LE CATALOGUE D’EXPOSITION. La vie dans un atelier photographique en Alsace (1880-1945)
Découvert par hasard, ce fonds de 150 plaques de verre au gélatinobromure d’argent issues d’un atelier photographique en Alsace entre 1900 et 1945, lance l’enquête.
Poussez la porte, au petit matin, de cet atelier photographique alsacien, installé dans une des rues ou ruelles de la région, comme il y a 100 ans… Montez l’escalier en colimaçon de cet immeuble sombre, jusqu’au palier partagé et entrez délicatement sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger la séance en cours. Partez à la rencontre de ces individus, sans doute disparus aujourd’hui, aux regards profonds, aux attitudes particulières, figés par la prise de vue et le temps de pose, face au photographe portraitiste et sa chambre photographique sur pied. Prenez la place, le temps d’un instant, de celui qui immortalisa ces moments, ces vies, ces histoires entre 1880 et 1945 dans une Alsace partagée, chahutée, bouleversée…
Qui voyez-vous ? Qu’entendez-vous ?
« À travers l’expression d’un visage, nous pouvons immédiatement déterminer quel travail il [l’individu] accomplit ou n’accomplit pas, dans ses traits nous lisons s’il éprouve du chagrin ou de la joie, car la vie y laisse immanquablement ses traces. Un poème dit : Dans chaque visage d’homme, son histoire est écrite de la façon la plus claire. L’un sait la lire, l’autre non. » August Sander
Que s’est-il vraiment passé dans cet atelier à la chambre noire ? Un atelier, qui aurait pu rester inconnu. Il y en avait beaucoup en Alsace au début du XXe siècle, presque un à chaque coin de rue. Des bons ou des moins bons, pouvait-on dire. Vous n’aviez que l’embarras du choix pour vous faire « tirer le portrait ». L’atelier photographique est encore à cette époque, le passage obligé pour un grand nombre de personnes, afin d’avoir «une image» à sauvegarder, des temps forts d’une vie. La naissance, le mariage, la communion, le métier, les spectacles, la vie militaire, le temps qui passe et parfois la mort. Mais en Alsace, l’histoire de la photographie reste entre 1870 et 1945, très marquée par les différents évènements qui ont fait sa mutation et sa particularité de région partagée. C’est peut-être aussi ce qui rend, à chaque fois, à chaque découverte d’un fonds, l’effet de surprise et d’émotion encore plus intense et plus fort.
Reste à nous, aujourd’hui, d’imaginer ou d’écrire, ce que tous ces personnages ont pu vivre, une fois l’image dans la boite et la porte de l’atelier refermée…
Voir aussi le reportage du magazine Zut sur le lancement du livre.